On connait tous cette scène culte de Scarface où Manolo « Manny » Ribera expliquait à Tony Montana que tout se passait dans le regard, qu’il ne mentait jamais. C’est pareil avec une petite différence pour l’été que nous venons de vivre au niveau du rap. Ce n’est pas de regard dont il s’agit ici mais d’écoute. Soyons clair, en l’espace de deux mois, la Belgique s’est tapé le game français comme Tony se tapait Elvira. Revenons sur les faits marquants.
L’Histoire retiendra que les choses sérieuses ont vraiment commencé le 1er Juillet 2016, c’est à ce moment-là que Shay lâche une bombe, un titre phare, celui que tous les rappeurs attendent, comme un trophée pour Arsenal. Elle nous balance PMW (Pussy Money Weed), son + clip, comme pour rafaler tout d’un coup, un combo ultime, le game tremble, personne ne s’attendait à ça. Tony, d’un accent latino sortait sa phrase culte Mes mains sont dans la merde mais elles sont faites pour l’or. La Belgique du rap sort enfin de sa merde à cet instant en faisant de l’or. 14 millions de vues en un été.
Le coup de massue, c’est une semaine plus tard avec la sortie du premier album de Damso, « Batterie faible ». Après une signature glaçante placée sur Pinocchio (NDLR: Un son présent dans « Nero Nemesis », le dernier album de Booba), le Dems revenait avec « Autotune » sur une prod. de Twinsmatic et surtout avec « Bruxelles vie » qui est rapidement devenu l’hymne du rap belge. Hymne du rap belge car il avait giflé tout le monde lors de sa sortie, dans un style proche de Tony qui giflait Gina, sa petite soeur, après l’avoir surprise dans les toilettes d’un club en train de se faire baiser par un type et parce qu’enfin, un vrai rappeur revendiquait aux oreilles de tous qu’il était belge.
L’album sort, ainsi que le clip de « Graine de sablier », où l’artiste bruxellois se livre, parle de son passé en Afrique, de sa mère et lâche quelques punchlines comme T’es trop vulgaire, tu seras censuré Damso, deux flows plus tard, premier son passe en radio. Le mal est fait, Tony a refourgué sa came partout.
T’es trop vulgaire, tu seras censuré Damso, deux flows plus tard, premier son passe en radio.
Damso - Graîne de sablier (Prod. by Soulayman Beats)
Petit luxe en plus, c’est Fuentes, ingé son de Damso et auteur d’un EP appelé « Menthe à l’eau », une comédie musicale romantique, (NDLR: Fuentes aka Krisy, tantôt rappeur tantôt beatmaker, est présent sur tous les morceaux de « Batterie faible », que ce soit en tant de beatmaker, arrangeur ou mixeur.) qui est derrière la prod. de « Paris c’est loin » en featuring avec Booba, comme pour enfoncer un peu plus le clou dans un game déjà groggy. Un game qui commence à ressembler à une chatte bien poilue qui ne demande qu’à se faire fourrer. Plus tard dans l’été ravageur, Damso, après avoir accepté l’invitation de Skyrock, revient sur sa décision car la radio ne le jouait pratiquement pas en playlist. On ne m’encule pas moi.
La suite est une suite logique, Tony Montana et son fidèle allié Manny deviennent de plus en plus puissant mais cette soif de pouvoir sans fin s’avère dangereuse. Shay devrait sortir un projet à la rentrée, de quoi prendre toujours plus de place sur le trône. Quelle sera l’accueil quant au premier grand projet de la rappeuse ? Réussite, échec ? Qu’est-ce qu’une réussite, qu’est-ce qu’un échec ? Le game le dira, il dit toujours la vérité, même quand il ment, c’est vrai.
Il y a quelques mois encore, le rap belge était en mode Oyé, sapapaya, juste avant de se faire recaler. Ce temps est révolu, on veut le monde, chico, avec tout ce qu’il y a dedans. À suivre.
© WHITE TEES MEDIA / par Hadji
Citations tirées du film réalisé par Brian de Palma et sorti en 1983, Scarface :
"J'ai des mains faite pour l'or et elles sont dans la merde."
-> Tony et Manny n'étaient que deux jeunes immigrés cubains qui enchainaient les petits boulots pour survivre. Tony lâche cette phrase après avoir fait la vaisselle toute la soirée dans un petit restaurant pourri.
"C'est le paradis ici, c'est le paradis. Cette ville c'est une chatte bien poilue qui ne demande qu'à se faire fourrer."
-> Ils étaient encore en pleine découverte de Miami à ce moment-là. En sirotant un cocktail près de la plage, Tony utilise cette métaphore pour comparer la ville à une meuf.
"Moi, je dis toujours la vérité. Et même quand je mens, c'est vrai."
-> Alors qu'il dînait au restaurant avec Manny et Elvira, sa femme, Tony était complètement défoncé, il n'était plus qu'une caricature de lui-même. Elvira lui annonça qu'elle le quittait, devant tout le monde. Après son départ, il est devenu encore plus fou, s'en est suivi tout un monologue dont cette phrase culte.