Il baigne dans la musique depuis toujours, influencé par ses frères et ses tantes qui écoutaient énormément de R'n'B. À 24 ans, Dolfa compte déjà pas mal de ligne sur son CV, Wiz Khalifa, Damso, Shay, Jul,... Beatmaker mais aussi rappeur, c'est à 16 ans qu'il commence à prendre la musique au sérieux, avec son amis de toujours, le fameux Damso. C'est à ce moment-là qu'ils forment le groupe OPG et qu'ils partent à la conquête de la capitale.
Tu rappes, tu produis des beats, mais comment es-tu arrivé dans la musique ?
Les garçons de ma famille étaient très influencés par le hip-hop, mon oncle lui-même faisait des prods et mon grand frère a suivi. Mes tantes écoutaient beaucoup de R'n'B, il y avait du son tout le temps dans notre famille. J'ai grandi avec toutes ces influences musicales.
Et comment tu arrives en studio à travailler la musique ?
C'est à 16 ans que j'ai commencé à prendre le truc au sérieux et on a cherché des studios avec Damso. C'est quand j'ai bossé dans ces studios que j'ai pu apprendre les fondamentaux en terme de production, toujours de la débrouille. Ensuite, j'ai enregistré mes propres sons. D'abord je travaillais pour quelqu'un qui m'expliquait, Asaiah. C'est lui qui m'a initié, je faisais ce qu'il me demandait et quand j'avais du temps libre, j'en profitais pour enregistrer des maquettes pour mon groupe.
Damso x Dolfa
Il y a Dolfa le rappeur, le kickeur et Dolfa le beatmaker. Tu te sens plus proche de quel côté ?
Je suis quelqu'un qui aime beaucoup créer, travailler la musique à la perfection. J'aime le rap mais la production prend le dessus. Travailler en studio en harmonie avec l'artiste, en symbiose, créer une alchimie, une énergie, c'est là que je me sens le mieux.
Explique-nous ton processus de création, tu travailles seul dans ton coin ou tu bosses directement avec l'artiste ?
Le truc c'est que quand j'apporte une production toute faite sans que l'artiste ait eu son mot à dire, il y a toujours des choses à modifier. Et au contraire, quand je travaille directement avec l'artiste en studio, il apporte ses touches personnelles et ça fait la différence. En tout cas, j'ai toujours eu l'habitude de travailler comme ça. Enfin non, j'ai commencé à travailler seul, sans artiste mais il y avait toujours mes frères dans le coin qui me donnaient leur avis.
De toute façon, quand j'ai débuté c'était surtout des prods pour OPG, mon groupe , on avait notre propre style et on savait ce qu'on voulait. Maintenant, le fait de travailler pour plus de monde t'oblige à une plus grande recherche de sonorité, tu ne peux pas rester dans ta zone de confort.
Toc, toc, toc je ramène l'enfer à leur porte
Je cogne tant de connes depuis que j'ai Dolfa à la prod
- Shay x First Lady (2012 Prod. by Dolfa)
En parlant d'OPG (NDLR: Original Player Gangsta, groupe formé de Damso, Dolfa, Lio Brown, REX et Ducke), tu peux nous raconter votre rencontre ?
À la base, OPG c'est Damso et moi. On est pote depuis l'enfance, je me rappelle de notre rencontre, c'était sur un terrain de basket. Depuis ce jour-là, on travaille ensemble. Ensuite, on a rencontré REX et Ducke, mon cousin, nous a rejoint. Lio Brown est venu par après. Tout s'est fait naturellement, les gens sont entrés au feeling, on se comprenait. Tous les 5, on réfléchissait et on voyait les choses de la même manière.
OPG - Grizzly (prod. by Dolfa)
Sur la chaîne YouTube du groupe, le dernier son date d'il y a 11 mois, ça signifie que c'est terminé ?
Pas du tout, on prépare quelque chose, Damso sera présent aussi. On est toujours ensemble mais c'est son temps à lui maintenant, on l'aide et on le soutient. On prend conscience de ce qui se passe mais le groupe sera toujours soudé, ça ne changera jamais, succès ou pas.
"On avait monté un collectif avec plusieurs beatmakers et les différents projets vont commencer à sortir maintenant. Il faut surveiller BBL, Jaz Dero, DonMoja, wow wow, j'en oublie mais il y en a encore, Ponko bien-sûr. Ils sont vraiment vraiment chaud et apportent une bonne couleur musicale."
D'ailleurs, il y a bien longtemps, tu annonçais déjà la réussite de Damso sur ta page Facebook.
(Rires) On avait des phrases prémonitoires. C'est une force, il suffit d'y croire. C'est tellement grand, tu vois ? Comment dire, quand tu parles avec le cœur et que tu es sûr d'une chose, il n'y a plus de limite à rien. Au fond de moi je savais qu'il allait y arriver, de toute manière depuis le temps qu'on travaille... C'est mérité, on vient de tellement loin.
Il faut vraiment croire en ce qu'on a envie de faire, il ne faut jamais lâcher, c'est la clé de la réussite. Le fait de se lever et de se mettre en tête son objectif et ne jamais l'abandonner, le pousser plus haut tout le temps te fera tenir bon. Il faut faire des concessions sur certaines choses mais tout ne sera que plus beau par la suite.
Sur ton CV, il y a quand même une prod sur laquelle Wiz Khalifa a posé, comment cela s'est fait ?
C'était il y a 3 ou 4 ans, je travaillais encore avec Asaiah (NDLR: Ingénieur du son/Producteur réputé à Bruxelles) et il essayait de faire des placements de prods en France et aux États-Unis.
J'ai envoyé un petit catalogue et deux tracks à moi ont été retenues, au début elles étaient pour Boaz, un rappeur qui était signé sur l'ancien label de Wiz Khalifa, Rostrum Records. C'est après qu'on m'a dit que c'était un featuring avec Wiz. Ensuite ils m'ont annoncé que le son était validé et le son est sorti.
Boaz ft. Wiz Khalifa - Gettin' after that money (prod. by Dolfa)
Selon toi, il y a un beatmaker qui sort vraiment du lot en Belgique ?
Ponko ! C'est le frangin, on se comprend sans se parler, on bosse de la même manière au niveau de la production. Il y a une alchimie qui est très forte dès qu'on commence à travailler ensemble. On s'est connu dans le travail, il produisait un groupe que je connaissais bien, Negatif Clan, on s'est dit qu'il fallait qu'on fasse quelque chose ensemble, il y avait dès le départ un bon feeling entre nous.
Dolfa x Ponko
Un autre artiste qui fait ses propres beats, c'est Hamza.
Hamza il fait ses prods depuis le début, ça fait combien de temps lui ? Ça fait longtemps. J'ai entendu ses sons avant de le connaître, depuis l'époque il est chaud ! Le public belge n'était pas prêt pour ça encore. Hamza c'est une bonne personne, il a son style et il a su trouver son personnage, celui qu'il voulait être dans le game.
Dolfa x Hamza
Beaucoup de rappeurs ont du mal à écouter des sons juste par plaisir parce qu'ils ont toujours besoin de composer et de tuer le beat, c'est le cas pour toi ?
Je sais faire la part des choses mais c'est vrai que mon cerveau est plus dans une optique de création, c'est-à-dire que je vais écouter un son, de ce son je vais en faire un autre dans ma tête et ainsi de suite. On est quand même tout le temps en mode travail, on ne s'amuse pas souvent.
Être beatmaker en Belgique, ça rempli le frigo ?
Bah on essaie de changer les choses hein, parce qu'à l'époque c'était pas trop ça et on ne va pas se cacher, il faut aussi connaître, tu vois ce que je veux dire ? Il faut connaître et être sur le terrain pour voir comment ça fonctionne. Une fois que tu connais le système de ce milieu, que tu sais comment tout fonctionne, tu pourras remplir ton frigo. Mais c'est vrai que ça peut être difficile.
Il te reste une seconde à vivre, tu fais quoi ?
(Éclats de rire) La question tu me la balance comme ça. La dernière chose que je ferais ? Je m'enferme avec mes parents, mes frères et sœurs et mon enfant.
C'est la dernière image que je voudrais avoir, celle d'avoir toute ma famille auprès de moi.
© WHITE TEES MEDIA / par Hadji
White Tees x Damso