Nous arrivons au point de rendez-vous, le soleil de cette fin d’été illumine les yeux des rares passants d'une rue située en plein milieu de Tour & Taxi. Le bâtiment parait vide, il n’y a pas de sonnette. Le seul moyen d’entrer est d’appeler la personne de contact. Sonnerie … une voix répond : « C’est bon, on vient vous ouvrir ».
Juste le temps de ranger mon iPhone que la porte s’entrouvre tout doucement, Dolfa, le célèbre producteur qui est derrière Que de la vie de Damso et qui peut se vanter d’avoir produit des beats pour Shay, Wiz Khalifa et beaucoup d’autres, est derrière celle-ci.
Il nous invite à le suivre, nous montons quelques étages et au bout d’un long couloir rempli de tags, une petite porte s’ouvre, encore, nous y sommes. Bienvenue au 7th Room Studio.
White Tees : Tu as perdu ton papa il y a exactement 20 ans, comment une jeune fille fait-elle pour se construire en tant que femme et artiste après cette épreuve.
Christy Lova : C’est très difficile. Ma mère, qui a toujours été présente, m’a beaucoup aidée, heureusement. Ensuite, pour trouver des repères en tant qu’artiste, c’est difficile car il manque quelque chose, il y a un vide mais ses collègues étaient là, ils m’ont mise sur la bonne voie dès le départ, ils m’ont encadrés. De mon plus jeune âge jusqu’à ce que je fasse mes premiers pas solo, ils étaient là pour me guider.
Ntesa Dalient était un auteur-compositeur-interprète, membre de Ok Jazz, un célèbre groupe de rumba congolaise. Il était également connu pour avoir fondé Les Grands Maquisards. C’est le 23 septembre 1996 à Bruxelles qu’il perdit la vie, il avait 49 ans.
Quel héritage artistique t’a-t-il laissé ?
Je me suis inspirée de sa façon de chanter, notamment d’une rumba à lui que j’adorais. Je l’ai d’ailleurs reprise pour lui rendre hommage, elle s’appelait Bina na ngai na respect. C’était ma musique préférée et je me suis lancée avec ça, je trouvais qu’il était un peu oublié dans la tête des gens et ça m’a motivée à reprendre sa belle musique.
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« En me lançant avec la reprise de la musique de mon père, je me suis rendue compte qu’il n’avait pas été oublié, qu’il était toujours présent dans les coeurs et dans les consciences des gens »
Par rapport au dernier son qui est sorti, Dolce Vita, on a l’impression qu’il y a un virage qui se fait au niveau artistique, que tu essaies plus de t’imposer en Europe qu’au Congo. Par exemple, contrairement aux précédents, il n’y a pas de lingala dans ce son.
Non, pas du tout. Je veux que ma musique touche tous les publics, que ce soit le belge, le français, l’européen ou l’africain. Après, au niveau de la langue, il pourrait y avoir un prochain son complètement en lingala ou en retrouver un peu avec du français, ça dépend de l’inspiration et du moment mais tout est possible, je ne me limite à rien.
C’est quoi la première chose que tu fais quand tu retournes au Congo ?
Hééé, je vais directement manger une bonne chèvre.
C’est un gros risque de tenter de venir s’imposer ici quand on a une notoriété là-bas, les premiers supporters pourraient se sentir abandonnés.
C’est un risque que j’ai pris, oui. Après, ils ont très bien accueilli le dernier titre donc ça va. Le public ici est plus difficile, il faut le temps que ça arrive vers eux.
Comment tu expliques qu’ici, le public soit plus difficile ?
Il sont peut-être plus exigeant. Franchement, je ne sais pas, je suis nouvelle aussi, Dolce Vita n’est que mon troisième single. Je dois continuer à énormément bosser et m’imposer. La grande différence, c’est qu’au bled, ils laissent la chance à tout le monde, dès qu’ils kiffent, ils kiffent, peu importe qui tu es ou d’où tu viens.
Quand un homme commence à se faire connaître, il a énormément de groupies qui gravitent autour de lui. Comment ça se passe dans le cas inverse ?
Premièrement, il y en a beaucoup qui soutiennent en écoutant les sons, etc,… Après, il y en a toujours qui draguent mais c’est à moi de gérer la chose. Quand ils draguent, j’essaie de ne pas calculer (rires). Et puis, c’est l’avantage d’être un homme dans ce cas-là, après un show ils ont plein de filles magnifique qui essaient de leur courir après. Je ne dit pas que les mecs qui viennent me draguer sont laids mais je suis une femme, je ne peux pas me permettre de faire ça.
« Fally Ipupa a été un très gros soutien de lancement pour moi, il est et restera toujours la famille »
C’est quoi toute cette histoire avec Rihanna ?
C’était il y a un petit temps, si tu veux, il y avait eu un beef entre Karrueche, l’ex-copine de Chris Brown, et moi. À ce moment-là, Karrueche, qui était en pleine embrouille avec Rihanna, avait postée une video avec ses copines pour se moquer d’elle. Moi, j’avais posté un truc sur Twitter qui disait que, en gros, Chris et Rihanna se remettront toujours ensemble. A partir de-là, ça a commencé à buzzer un peu, Rihanna m’a follow et a clashé Karrueche via mon tweet, Cristina Milian s’en est même mêlée en s’énervant.
Tu crois en Dieu ?
Bien-sûr, la religion a un impact sur ce que je fais parce que je prie beaucoup. Je demande à Dieu de la force, de la force pour que je devienne ce que j’ai envie de devenir, pour que tout se termine bien.
« Oui, je veux devenir une star, mais je dois continuer à beaucoup travailler avant »
Quand t’es seule chez toi et que tu penses à ta carrière, comment tu imagines ton évolution ?
Je ne sais pas trop, je n’y pense pas vraiment mais il y a un message que je voudrais faire passer par rapport à ce que j’ai vécu. Si tu as un rêve, si tu as un don, utilise le pour faire ce que tu as envie dans ta vie, persévère, n'abandonne jamais !
On voit Genius League un peu partout sur tes réseaux sociaux, y’a un rapport avec la Genius League de Damso ?
Oui, c’est le même, c’est une grosse famille où tout le monde s’entraide, on est tous dans la musique.
Il te reste une seconde à vivre, tu fais quoi ?
Je prend mes deux bébés, je leur fait un gros câlin et je leur dit au revoir.
© WHITE TEES MEDIA / Hadji