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TAREC SAFFIEDINE : From UFC with love

C'est à Bruxelles, en 1986 que le jeune Tarec est venu au monde. Très vite, après plusieurs essais dans le judo, le foot ou encore le basket qu'il arrêta à 15 ans, il décida de canaliser son énergie dans les arts martiaux. Il découvre le taekwondo ainsi que le shihaishinkai et part à la conquête des États-Unis en 2007 avec comme objectif de devenir le premier belge champion du monde dans une organisation majeure de MMA. Entretien avec notre seul représentant à l'UFC !

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Tu représentes énormément la Belgique lors de tes combats, drapeau sur ton short,…

La Belgique représente mes racines, c'est les gens avec qui j'ai grandi, c'est ma famille et mes amis. Quand je suis en Belgique, je suis chez moi.

Tu es d’origine libanaise. Dans ta vie actuelle, il reste quoi de tes origines, de ton enfance, qu’est-ce que tu as emportés aux États-Unis ?

J'ai quitté la Belgique pour les USA quand j'avais 20 ans, avec ma femme, qui est belge également, pour tenter ma chance dans le MMA. Je reviens fréquemment en Belgique car nos familles vivent toujours là-bas. Par contre, je n'ai malheureusement été qu'une seule fois au Liban car mon père évitait de nous y emmener, mes frères et moi, à cause de la guerre. Je dirais que je me suis encore plus rapproché de mes racines une fois parti aux USA. La culture est très différente, surtout en Californie, ma femme et moi nous avons mis du temps pour nous adapter.

Tu es parti très jeune aux États-Unis, à 20 ans !

En 2007, après quelques combats pros en MMA, je me suis dit que si je voulais percer, je devais quitter le Belgique et tenter ma chance aux USA. En octobre 2007, j'ai fait mon premier voyage vers la Californie pour m'entraîner à la Team Quest. Mes objectifs étaient de devenir le premier belge à devenir champion du monde dans une organisation majeure de MMA et d'aller à l’UFC.

« Il n'y a pas de secret, si tu veux ta place, il faut travailler dur et montrer que tu en veux plus que les autres, surtout quand tu viens d'un pays étranger et que tu ne parles pas la langue​ »

Comment ça se passe au début dans un pays alors inconnu ?

J'ai eu beaucoup de chance d'avoir été accueilli dans une équipe de grande renommée comme la Team Quest, ils m'ont très bien traité. Quand ils ont vu que je n'étais pas là pour faire de la figuration et que je voulais percer dans ce milieu, ils m'ont aidé et conseillé. Il n'y a pas de secret, si tu veux ta place, il faut travailler dur et montrer que tu en veux plus que les autres, surtout quand tu viens d'un pays étranger et que tu ne parles pas la langue. Ma seule façon de communiquer était grâce à mes pieds et mes poings.

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Young Tarec

Tu as eu des grosses galères à l'aube de ton séjour américain, notamment à cause de l'argent et de la culture qui était différente.

Au début, ce n'était vraiment pas simple. Ma femme et moi avions mis un peu d'argent de côté mais nous n'avions pas de voiture et il n'y avait pas de transports en commun dans cette ville, on faisait donc tout à pied. On a du apprendre la langue sur le tas mais ça n'a pas été un problème, on était en immersion constante. Ce qui a vraiment été dur, c'était les entrainements au début car j'ai dû me faire ma place dans un milieu ou je n'étais personne. Je ne pouvais rien lâcher, je devais leur prouver qu'on pouvait venir de Belgique et réussir.

Comment un belge fait-il pour s’imposer là-bas ?

En montrant beaucoup de résilience. En ne ratant jamais un entrainement En montrant du respect sans se faire marcher sur les pieds. En montrant de la gratitude. En s'entraînant dur et en montrant une capacité d'apprentissage. Il faut avoir un esprit ouvert avec du caractère.

« Un conseil que je pourrais donner aux jeunes ? De ne surtout pas arrêter l'école ! »

Quand tu rentres dans la cage avant un combat à l'UFC, tu ressens quoi ? De la pression, de la peur ?

Chaque combat est différent mais le stress est toujours là avant d'entrer dans la cage et disparait une fois dedans. Le stress est un excellent moteur de motivation à condition qu'il soit bien utilisé.

Tu as 30 ans, tu as une femme, des enfants. Comment ta famille réagit-elle quand tu sors de la maison pour aller combattre ?

Ma femme me suit depuis le début de ma carrière professionnelle. Chaque combat est important pour elle car elle sait ce qu'il y a en jeu et toute la préparation que j'ai eu en amont.
Ma femme avait tout et a tout quitté pour traverser l'atlantique et me soutenir dans ma passion. Je n'était personne et elle a tout risqué pour tenter cette petite chance, pour que ma carrière prenne aux USA. Elle était là quand personne ne me connaissait, quand les gens ne s'intéressaient pas à moi ou bien même quand ils essayaient me la faire à l'envers.

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Crédit @lsphotos

Quel conseil pourrais-tu donner à un jeune qui rêve de faire carrière dans ce milieu ?

Entourez-vous de bonnes personnes, de bons entraineurs, gardez un esprit ouvert, entrainez-vous de façon intelligente et ne brulez pas les étapes. N'arrêtez surtout pas l'école !

C’est quelque chose de gratifiant d’avoir un représentant belge à l'UFC, pourtant tu es sous-médiatisé ici. Comment expliques-tu cela ?

Je n'ai aucune reconnaissance en Belgique. Si j'avais une balle au bout du pied, je pense que les choses seraient différentes. Je n'ai jamais vraiment voulu faire ça pour être reconnu comme une star dans mon pays mais j'ai accompli des choses dans le MMA belge que personne n'a encore fait. Les médias n'en parlent pas, sans doute parce que le sport n'est pas assez connu ou est encore trop mal perçu. C'est dommage mais je continuerai d'aller plus loin avec ou sans eux.

L’UFC est une grosse machine. Financièrement, est-ce qu’on galère quand on a réalisé une carrière comme la tienne ou c’est le rêve américain ?

Il y a plusieurs paramètres à prendre en compte. Les sponsors ne sont pas simples à trouver et les combats non plus. J'ai eu plus de 10 combats qui ont été annulés au début de ma carrière et l'UFC n'offre aucune sécurité financière, il faut se battre encore plus pour gagner sa place et la garder. Je ne suis pas riche, mes combats font vivre ma famille mais si demain j'arrête, je devrai trouver un boulot.

Tu comptes revenir en Belgique après ta carrière ?

Je ne sais pas trop. Toute ma famille est en Belgique et la famille de ma femme également donc peut-être bien, cela-dit, on s'est beaucoup habitué au soleil Californien. Je ne pense pas encore à la retraite.

« Je combattrai jusqu'à ce que j'atteigne mes objectifs »

Après un gros combat, en combien de temps tu récupères ?

Cela dépend du déroulement du combat et s'il n'y a pas eu de blessures. Pour certains combats, j'ai dû récupérer pendant quelques semaines tandis que pour d'autres, j'étais à la salle le lendemain. En général, je me repose avec ma famille, avec un voyage ou je me relaxe à la maison.

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Vincent Kompany t’avait envoyé un message de soutien sur twitter, toi, tu suis tout ce qui se fait en Belgique au niveau du sport et de la musique ?

Je suis à peu prêt ce qu'il se passe dans l'actualité sportive belge. J'ai vraiment apprécié son soutien après mon premier combat à l'UFC, ça fait plaisir de voir ton travail reconnu par le sportif numéro 1 belge. Au niveau musical, j'ai aussi écouté l'album de Damso, il est entrain d'exploser sur Bruxelles et je suis content pour lui, c'est un gros bosseur et le travail paie ! Je lui souhaite le meilleur !

Il te reste une seconde à vivre, tu fais quoi ?

Je la passe avec ma famille, ma femme et mes enfants.

© WHITE TEES MEDIA / Hadji